mardi 28 juin 2016

L’AGRICULTURE EN AFRIQUE : ENJEUX ET PERSPECTIVES

Les jeunes entrepreneurs
en Agribusiness.
L’agriculture a pendant longtemps été le point déclencheur du développement économique et social de toute nation. Les pays dits développés ont connu des phases de révolutions industrielles, qui se sont en effet caractérisés par une industrialisation des productions agricoles et des transports de biens. 
Aujourd’hui le continent africain est à l’ère d’une révolution industrielle et numérique et son secteur agricole regroupe le plus d’actifs (80% environ) . L’amélioration de la productivité agricole et sa compétitivité représente de ce point de vue la stratégie adéquate pour mener l’Afrique dans le concert des continents dignes et respectés. De jeunes entrepreneurs africains dans l’agribusiness (Idrissa Nacambo du Burkina FasoAwa DIATTA du Sénégal et Mystère Belmamou DIKSIA du Tchad) réunis à Dakar dans le cadre du programme YALI Young African Leaders Initiative, s’expriment dans cet article sur les enjeux et perspectives de l’agriculture en Afrique à l’exemple de leurs pays respectifs.

AGRICULTURE AU BURKINA FASO : SORTIR DU CARCAN TRADITIONNEL OU PÉRIR!

Par : Idrissa Nacambo


Idrissa Nacambo, Burkina Faso
Alors que la plupart des pays développés avec seulement moins de 5% de leur population active consacrée à l’agriculture arrive à se nourrir convenablement et à créer des excédents alimentaires, le Burkina Faso avec plus de 80% de sa population dans ce secteur n’arrive pas à faire face au problème alimentaire, a recours à l’Aide internationale et à l’Endettement.
Cela s’explique entre autre par la dépendance de l’agriculture burkinabé des aléas climatiques, le refus ou la méconnaissance des techniques et technologies culturales modernes mais également par les insuffisances des politiques agricoles en vigueur (cultures de rente VS cultures vivrières). Comment comprendre que les ¾ de ceux qui ont aujourd’hui faim au Burkina Faso aient pour métier de produire de la nourriture? Notre agriculture pourra t’elle toujours suivre son rythme d’autant plus que les épisodes de sécheresses, le réchauffement climatique etc. pourront encore accentuer dans les années à venir les difficultés d’une agriculture sous équipée et socialement fragile ?
Pour sortir de sa torpeur et amorcer à l’instar des autres agricultures une croissance suffisante, afin de satisfaire les besoins que l’on attend d’elle, l’agriculture au Burkina devrait quitter son carcan traditionnel pour devenir une agriculture d’entreprise. Il semble évident que l’agriculteur aujourd’hui ne peut plus continuer d’être ce paysan hagard qui subit les prix et fait très peu de calculs économiques : il doit devenir un entrepreneur dans le vrai sens du terme. Il faudrait aussi changer les règles du commerce international des produits agricoles mais changer les règles ne suffira pas. Encore faudrait-il que nos Etats s’investissent davantage dans l’agriculture (formation, accès aux intrants et équipements, structuration du monde rural, actionnariat paysan…)…Enfin faudrait-il; plutôt que de courir après des aides ou des modèles importés, que l’on se persuade africains qu’on peut être à l’origine du changement que nous souhaitons,unissons nous et développons des ceintures de productions spécialisées par pays (ex cacao en côte d’ivoire, arachide au Sénégal …).

Idrissa NacamboÉconomiste agricole-Afro-optimiste


SITUATION DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUEPar : Awa DIATTA

Awa Diatta, Sénégal 
Placée dans le secteur primaire, l’agriculture représente l’activité qui a la fonction de produire un revenu financier à partir de l’exploitation de la terre, des forêts, des mers, des rivières, des animaux domestiques et sauvages, etc. Elle représente un maillon indispensable dans la chaîne agro-alimentaire, en assurant l’approvisionnement en matières premières. En Afrique, l’agriculture reste confrontée à de nombreux problèmes.
Partout en Afrique, avec la croissance démographique associée à une augmentation des besoins alimentaires surtout en céréales qui constituent l’une des principales sources de glucide, l’agriculture, bien qu’occupant la majeure partie de la population active dans nos pays, ne parvient pas à assurer une alimentation suffisante. A cette problématique, s’ajoute celle de l’exode rural et du changement climatique qui cause d’énormes difficultés à l’agriculture, notamment celle rurale.
Cependant, le problème majeur de l’agriculture africaine reste la gestion post-récolte des produits. En effet, les agriculteurs produisent mais rencontrent d’énormes difficultés quant à la conservation. Ce qui constitue  des pertes pour l’économie de nos pays. Par exemple, le Sénégal perd plus de 70% de sa production annuelle. De ce fait, l’Etat est obligé d’importer des produits comme le maïs pour un montant de 12 milliards de  Francs CFA par an (Source : Direction de l’analyse, de la prévision et des statistiques agricoles et ANSD, avril 2015).
Aujourd’hui, l’appel qui s’impose est une invite des populations et surtout les femmes et jeunes à retourner vers les champs puisqu’ils constituent la force de l’Afrique.
Cultivons encore une fois nos terres. Je sais que c’est possible et j’en suis convaincue. Cette autosuffisance tant attendue sera le fruit de nos efforts. Et qui dit non à la paresse et à l’importation dira oui à l’autosuffisance et au développement.
Il est vraiment temps qu’on se montre objectif et courageux pour mieux trouver une entente pour une agriculture prometteuse et durable.

AWA DIATTA Technicienne supérieure en Agro-écologie.


L’AGRICULTURE EN AFRIQUE, AIMÉE OU NÉGLIGÉE?Par : Mystere Belmamou DIKSIA

Mystere Belmamou Diksia, Tchad
Chaque village en Afrique est un regroupement d’entrepreneurs. Les paysans sont interpellés à envoyer leurs enfants à l’école et chaque écolier rêve de la ville qui est la finalité de tout parcours scolaire. Le village est un rassemblement des entrepreneurs agricole et des industries alimentaire où chaque maison détient un restaurant gérés par des mères de familles. Le choix des champs fertiles, le type de culture et le nombre d’hectare, l’acquisition de nouveaux champs sont décidés en saison sèche bien avant l’odeur de la pluie dans le village. La question de l’appauvrissement du sol est résolue par la jachère, le remplacement de type de culture ou le défrichage d’un nouveau champ. Malgré une saison de pluie courte, les agriculteurs parviennent à se nourrir sur toute l’année.
La croissance rapide de la population et du coup des espaces cultivables nous ont conduits vers une déforestation massive à la recherche de nouveaux champs fertile et vers l’appauvrissement des sols. L’utilisation des engrais dans d’autres cultures commerciale comme le coton crée une dépendance vis-à-vis des engrais qui ne sont pas diversifiés dans d’autres cultures. Nous y voila face au destin d’une agriculture partenaire financier de tout domaines, un agriculteur père des Comptables, des Ingénieurs, des Médecins, sauf d’agriculteurs. L’agriculture est victime de trahison volontaire et involontaire par ses partenaires et acteurs. Abandonné aux moins diplômés et au hasard d’une pluviométrie fortement variable, malmenée par les changements climatique, elle lâche ses acteurs au milieu du chemin. Le producteur avec une exploitation familiale destinée à approvisionner les restaurants familiaux, est confronté à l’importance grandissante de la monnaie en milieu rural, il se trouve confronté entre se nourrir et se faire de l’argent pour subvenir à d’autres besoins de plus en plus couteux.
Face à toutes ces menaces multiples qui pèsent sur l’agriculture base du développement économique et social, les  défis seront de mettre en place des associations des producteurs en milieu rural suivi d’un plan de formation et coaching des ces collectivités qui auront le pouvoir de fixer le prix, de faciliter l’accès au crédit agricole et un système de distribution des intrants adapté a chaque type de cultures. Nous y croyons en la terre.

MYSTÈRE BELMAMOU DIKSIA Ingénieur de travaux en Mines et GéologieEntrepreneur agricole/: AGRITRANSCOM SARL


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